Parasitisme Identifier la « maladie des sueurs de sang »
De multiples coulures de sang sur le corps de la vache sont les signes de la parafilariose, un parasite en émergence en France.
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Un éleveur m’a appelée pour sa vache laitière qui présentait les signes de la parafilariose, aussi appelée « maladie des sueurs de sang ». Elle avait des coulures de sang sous les lombaires et parfois derrière l’omoplate. L’état général de l’animal n’était pas modifié et la production n’était pas affectée. Il s'agit dans ce cas de vraies grosses coulures de sang, larges de 2-3 mm et longues de 15 à 30 cm, ce qui les différencie des piqûres de taon. Parfois les gens confondent avec des coups de fourche, des coups de corne ou des blessures liées aux barbelés, mais il s’agit bien d’une filaire, le ver parasite Parafilaria bovicola. La femelle du ver qui s’est développé dans le tissu conjonctif de la peau va pondre à l’extérieur et fait un trou, entraînant un saignement.
Une mouche, vectrice de la larve
Le parasite est véhiculé par les mouches du genre Musca. Elles sont un hôte intermédiaire et le bovin est l’hôte définitif. La mouche d’automne (Musca autumnalis) pique en fait la vache pour se nourrir et injecte une larve de filaire à ce moment-là. Cette mouche apparaît tôt au printemps, autour de la tête des bovins et accessoirement près de l’encolure et du garrot. Elle reste active jusque tard à l’automne, à une température ambiante de 14 à 25 °C. La mouche femelle, seule consommatrice de sang, est donc aussi attirée par les coulures produites par la ponte de la filaire femelle adulte, dont elle récupère les œufs. Ceux-ci vont devenir des larves en elle (stade I à III en 20 jours) qu’elle va plus tard réinjecter dans la vache. Le cycle est long et les coulures s’observent entre sept et onze mois après l’injection de la larve par la mouche (240 jours en moyenne entre l’infestation et la ponte). La larve va migrer et se développer dans les tissus conjonctifs sous-cutané et intermusculaire, entraînant parfois des saisies à l’abattoir. Sur certaines carcasses très touchées, la cicatrice des nodules se voit dans les muscles, donc dans la viande.
Même si la maladie reste sporadique en France, elle est en émergence en raison du réchauffement climatique. Chez un éleveur laitier de ma clientèle, près de 25 vaches ont été touchées cette année. Je n’ai jamais entendu ni vu ça, mais c’est une certitude. Nous avons donc une réflexion au sujet du traitement sur tout le troupeau. Toutes sortent au pâturage. Cela concerne plus les vaches allaitantes d’habitude.
Soigner avec un vermifuge
Un vermifuge permet d’éliminer les filaires pour éviter les saisies à l’abattoir. Continuer la prévention contre les mouches jusque tard à l’automne est primordial. Quand la coulure de sang est finie, le parasite s’enkyste et meurt. Seul un nodule, de la taille d’un pois à une noisette, qui se sent sous la peau persiste parfois, tout comme il est présent avant que la filaire ne ponde. Globalement, les surinfections bactériennes sont rares, mais certaines nodosités peuvent quand même se transformer en abcès sous-cutanés.
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